Faire attention, ça veut dire quoi concrètement ?

Qui n’a jamais dit “Mais, fait donc attention ! Concentre-toi !” ? Personnellement, cela m’arrive régulièrement avec les enfants (Frustrant, n’est-ce pas ?)

Je me suis donc penchée cette semaine sur cette notion d’attention, qui est revendiquée par les experts de la pédagogie comme une brique essentielle du processus d’apprentissage. Je voulais en comprendre les secrets et je les ai résumé en 3 clefs.

Schéma indiquant où se trouve l'étape d'attention dans l'expérience d'apprentissage

Première clef: Faire le focus 

Les sources d’information dans notre environnement sont multiples et notre cerveau commence par faire le tri entre toutes les perceptions. Pour cela il utilise le mécanisme de l’attention.

Stanislas Dehaene, professeur en psychologie cognitive expérimentale, définit “l’attention” comme étant “l’ensemble des mécanismes par lesquels notre cerveau sélectionne une information, l’amplifie, la canalise et l’approfondit”.

Notre attention agit comme un spot de lumière : nous dirigeons notre attention sur quelque chose en particulier et nous “éliminons” le reste. Si vous faites l’expérience de rentrer dans une pièce inconnue, de l’observer quelques secondes puis de fermer les yeux pour la décrire, vous allez vous focaliser, selon votre personnalité, sur l’aspect général ou des détails particuliers mais vous ne pourrez pas la décrire entièrement de manière exacte. 

Par conséquent, l’une des premières clefs que j’ai retenu en matière d’apprentissage est qu’il faut que l’expérience soit claire: si l’apprenant “ne comprend pas à quoi il faut faire attention, il ne le voit pas, et s’il ne le voit, il ne peut pas l’apprendre” (S. Dehaene)

André Tricot, professeur en psychologie, souligne à ce sujet, dans sa conférence à l’INP d’Octobre 2019, l’importance pédagogique des gestes des mains ou du mouvement de la flèche pour guider le regard des étudiants vers la zone de texte à regarder. (Incroyable de penser que de si petits détails peuvent avoir une grande importance, non ?)

Cette notion de focus nous amène directement à la deuxième clef de l’attention: l’élimination de l’idée reçue que notre cerveau pourrait être multi-tâches !

Deuxième clef: Faire une chose à la fois.

Non, notre cerveau n’est pas multi-tâches !

Serge Marquis, psychologue du travail, l’explique de manière particulièrement enlevée dans sa conférence “On est foutu, on pense trop” à l’université de Nantes (cf 19eme minute): imaginez que votre conjoint est en train de vous parler dans la voiture et que vous entendez à la radio une information qui vous intéresse… que faire ? Vous coupez votre conjoint (c’est risqué, n’est-ce pas ?) ou vous loupez l’information ? Votre cerveau ne peut porter son attention de manière consciente sur les deux messages en même temps. Il peut juste passer très rapidement de l’un à l’autre mais c’est prendre le risque de finalement manquer partiellement les deux informations…

Pas encore complètement convaincus ? Vous pouvez faire l’expérience suivante : dessinez un rond en pointillé en alternant deux couleurs, comme sur l’exemple ci-dessous.

succession de ronds jaunes et verts

Maintenant, refaites ce rond en dessinant tous les pointillés d’une couleur puis tous les pointillés de l’autre couleur. Vous vous rendez vite compte que cumuler deux tâches en parallèle va vous prendre plus de temps et d’énergie que de faire les tâches l’une après l’autre. Ce concept sert pour la productivité autant que pour l’apprentissage !

Nous avons donc deux clefs à notre actif : guider l’attention vers l’objet à considérer et faire une chose à la fois.

Est-ce suffisant ? Pas vraiment. Il manque un élément à noter concernant l’attention : elle est limitée.

Troisième clef: Garder l’attention active

Selon l’ouvrage “Neuro Learning, Les neurosciences au service de la formation”, l’attention chute vers la dixième minute d’écoute. Alors, que faut-il faire pour s’assurer que notre cerveau reste concentré ? 

En pratique, les recommandations du cours “ Concevez des activités pédagogiques engageantes” d’Open Classrooms sont les suivantes: varier les types d’activités toutes les 10 minutes. Dès lors, pour chaque objectif pédagogique, je commence par un quizz ou une vidéo avec des questions préalablement posées, puis je donne une explication plus théorique. Pour finir, je propose un petit jeu d’évaluation de la compréhension. J’ai pu constaté que l’alternance régulière de petites séquences fonctionne très bien pour garder mon audience attentive plus longtemps !

Les 3 secrets de l’attention

Voici les 3 points que je retiens sur le maintien de l’attention en formation :

1- Faire en sorte que l’expérience d’apprentissage soit claire : éviter les sur-sollicitations sensorielles et mettre en valeur ce qui est important à retenir

2- Se focaliser sur un apprentissage à la fois : ne pas chercher à être exhaustif sur le sujet mais chercher à atteindre l’objectif pédagogique que l’on s’est donné

3- Créer des ruptures toutes les 10’ en variant les types d’activités ou de discours

Alors, la prochaine fois que je dirai à mes enfants “Mais, faites donc attention !”, je me poserai aussi ces trois questions: 

  • Est-ce que la demande est claire ? 
  • Est-ce qu’il n’y a pas trop de sollicitations en même temps ? 
  • Est-ce que cela ne fait pas un peu trop longtemps que nous sommes sur la même activité ? 

Sources utilisées:

[OUVRAGES]

[CONFÉRENCES] 

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